Doublé de chevreuils à Sauveterre en Tarn et Garonne
Dans nos contrées, il y a peu de chasseurs à l’arc qui peuvent s’enorgueillir d’avoir prélevé deux chevreuils durant une même chasse. Christophe Boisseau est parmi ceux-là. Il fait la fierté de notre association Asca82. Il est un chasseur à l’arc réputé parmi nous. Entrepreneur privé, maire de sa commune Sistels, Christophe sait trouver du temps pour participer aux battues d’hiver avec ses amis chasseurs mais aussi pour organiser seul des approches et affûts durant l’été. Au fur et à mesure de ses occasions, il a développé un instinct de chasse dont la réussite est évidente. Équipé d’une caméra GoPro il certifie ses bonnes et mauvaises flèches et partage l’expérience acquise. Toujours de bonne humeur, jamais avare d’un conseil ou d’une idée, il sait donner de l’espoir à tous les archers de l’association qui ont moins de succès. Ce doublé n’est donc pas le fruit du hasard mais d’une longue pratique. En voici le récit raconté par son auteur :
« La saison de chasse tire à sa fin et je profite de l’invitation commune de Franck Bertrand et de Pascal Roger, président de l’Asca46 du Lot pour faire une dernière chasse mixte, en battue à Sauveterre en Tarn et Garonne (à la limite du Lot). Cette région est belle par son Causse et son paysage ouvert différent des plaines et berges de la Garonne.
Le rendez-vous à la cabane de chasse est fixé à 7h45. L’accueil est chaleureux comme à l’habitude, malgré le contexte car les règles sanitaires nous obligent à respecter une distanciation. Le temps est beau pour la saison et je m’équipe en conséquence. Je vérifie mon arc à poulie et le carquois de mes 5 flèches, qui me sont familières. On ne chasse que le chevreuil durant la matinée. Franck, le local de l’étape et chef de ligne demande à l’ensemble des archers présents au nombre de sept, de le suivre. Nous stationnons en bordure d’une petite voie, et avant d’aller se mettre au poste, Franck nous explique comment la chasse doit se dérouler. Après toutes ces informations, nous commençons à monter en ligne à travers cette pente. Vu le biotope et après confirmation de notre chef de ligne, je décide de prendre mon tree-stand auto grimpant. Arrivé au poste, je relève les coulées intéressantes et les traces éventuelles de gibier. Je prépare rapidement mon tree-stand et ayant choisi un chêne droit déjà en montant, je débute mon ascension. Arrivé à hauteur, je m’aperçois que des branches
et mon positionnement n’est pas des plus intéressants. Je décide rapidement de redescendre et de rester au sol. Je signale ma situation à Eric et Maxime postés à gauche et à droite de ma position. Ce poste me semble pas mal, mais on sait très bien que nous ne connaîtrons la vérité qu’en fin de traque. En contrebas se trouve une zone plus ouverte qui fait suite à une prairie et j’aménage mon poste en conséquence. Comme dans toute chasse, je sais que l’attente est longue mais l’opportunité de tirer est très courte. Ce moment demande un bon contrôle de soi et aussi un peu de chance. Cette chance n’appartient qu’à l’animal chassé qui peut tourner à gauche ou à droite, s’arrêter ou accélérer devant la fenêtre de tir. A moi de saisir cette chance que l’animal apporte.
Un bruit éveille mon attention, environ 1H30 après le début de la traque. Soudain, je vois une chevrette qui arrive de ma gauche en contrebas. Elle est poussée par les chiens mais de loin. Elle s’arrête quasiment de face à distance entre 17 et 18 mètres. Sans hésitation, je pointe et je tire ! Ma flèche traverse le bas de sa poitrine, traverse son ventre et finit sa course dans son fémur en lui traversant le corps. J’annonce ce “touché” au talkie; la chevrette fait encore une centaine de mètres en passant à proximité d’autres archers et revenir vers moi pour finir sa course dans un taillis de ronce. J’ai à peine le temps de regarder l’endroit où la chevrette se dirige que je vois un brocard traverser la clairière en contrebas. Pascal situé près de là tire et le manque, car il semblerait que l’animal l’ai aperçu au moment de la décoche. Le brocard surpris revient sur ses pas et reprend la coulée de la chevrette. J’ai juste le temps de « recharger » une nouvelle flèche. Le chevreuil continue à bonne allure sa progression en travers de ma position. Il stoppe sa course à une quinzaine de mètres sur la coulée repérée sur le travers. Au moment où je tire, il se décide à repartir vers le bas et il se tourne de 3/4 arrière. Ma flèche se loge directement dans le haut de sa colonne vertébrale et le paralyse. J’abandonne mon arc pour aller piquer l’animal qui se traîne alors dans la pente sur une dizaine de mètres et ainsi abréger ses souffrances. Je reste là un moment à essayer de réaliser ce qui m’arrive. En moins de 2 minutes (vérifié à la caméra, soit 1 min.40), j’ai fléché deux chevreuils. Un, c’est déjà pas mal mais deux en si peu de temps! Quelle belle aventure! Quelle chance ! Quelle belle histoire de chasse qui m’arrive! Les deux flèches lâchées sont à la fois de l’instinct et de la pratique. Théoriquement les flèches doivent être tirées en plein
travers et au défaut de l’épaule de l’animal. Mais parfois, l’instinct de chasse prend le dessus sur la règle et guide l’archer dans son action. Je remercie encore l’ACCA de Sauveterre pour cette invitation que j’honore comme tous les ans. »
La trompe annonce la fin de la chasse. Les autres archers alertés par la radio se rassemblent autour des deux chevreuils à qui les honneurs sont rendus. Le tableau de cette matinée cumule 4 animaux (deux à l’arc et autant au fusil). Maxime a manqué un beau renard. Christophe ne joue pas au fanfaron mais il souhaite à tous ceux qui l’écoutent qu’une occasion semblable puisse leur arriver ! Une belle matinée de chasse en Tarn et Garonne!
Le bureau de l’ASCA 82